"Une prière pour les libres dans l'âme gardés en cage" T.Williams

Rachel de Grandmesnil

feat : Amy Lee

► Rachel sait se fondre dans la masse. Elle est là, tout près, derrière vous. Elle vous piste pour vous dépouiller mais vous ne la voyez pas.
► Anesthésiée de cette putain d'existence sans espérance, elle a appris à se battre au corps à corps, dans les ruelles sordides et sans lumière. Crever ou crever l'autre, là se meut la quadrature du cercle infernal. 

►La loi de la jungle, au milieu de cette gabegie, c'est se démerder pour ne pas être tuée ou capturée. Méfiez-vous de sa petite gueule d'ange...Derrière le masque fulmine une volonté radicale et sans états d'âme qui n'a plus rien à perdre.

Chapitre 1-10 ans

Le livre de vieux cuir trônait sur une étagère, précieusement enveloppé d'un épais tissu. Les quelques 500 pages relataient en long, large et travers l'illustre généalogie des familles royales, déchues et perdues depuis la pluie de feu. Descendants des rois de France, princes et princesses disparus, ducs et comtes diverses et variés se succédaient au fil des chapitres, autant couchés sur les lignes imprimées en noir que dans la terre grise. Les ancêtres d'un monde disparu n'étaient plus, éternellement mêlés aux poussières oubliées et aux toiles d'araignée. Nonobstant, leurs chants funestes s'élevaient encore aux histoires des trop longs soirs. Des contes pour enfants n'émouvant plus qu'une poignée de rescapés, vestiges survivants d'une aristocratie moribonde.

La tradition familiale exigeait d'honorer la mémoire des sangs bleus. De génération en génération, on transmettait, dès le plus jeune âge, les dynasties passées. L'on contait les faits d'armes, les événements politiques, la grandeur du souverain, la piété de son épouse dévouée, la splendeur des demeures renaissance...Les spectres de l'holocauste révolutionnaire, social, temporel et désormais scientifique, s'accrochaient aux miettes qui leur restaient : l'éducation. A leur progéniture, ils enseignait les valeurs morales et les codes sociaux de l'aristocratie. Un fleuron clandestin qui perdurait malgré la bauge dans laquelle ils évoluaient. Politesse, langage châtié, tenues vestimentaires de gueux mais toujours propres et repassées, pas de vulgarité, une élégance évanescente, dédiée à des fantômes chimériques. Un semblant d'espoir au creux des noirceurs abyssales asariennes. Une manière d'être particulière, à peine décelable si l'on n'y prêtait pas attention. Mais pour ces nobles de la dernière heure, ce n'était plus qu'un ultime rempart contre la violence et la dureté de leur existence.

Tout ça.

Rachel de Grandmesnil. Lignée prestigieuse s'il en était, de mariages blancs en mariages métissés et princiers, il ne restait plus qu'une particule nominale, pendue au bout d'un prénom . Au milieu de l'apocalypse, tout le monde s'en foutait royalement, quelle ironie, hormis ses parents et ses frère et sœurs formatés à une « bonne » éducation. Elle récitait ses prières, se tenait correctement à table, apprenait à lire et écrire en privé, jouait avec une balle percée dans la rue mais ne criait jamais sinon Mère l'aurait punie pour outrage sur la voie publique. Voire. Dès qu'elle pouvait, la demoiselle chantait à tue-tête, regardait à droite et à gauche les passants miséreux qui lui ressemblaient tant, à la différence près qu'ils ne disaient pas « Bonjour Madame » et « je vous prie de me passer le sel Antoinette ».  La harangue de mots inconnus, parfois, faisaient rougir Madame de Grandmesnil.

Elle aurait presque pu être heureuse, l'arrière-arrière...-puissance moins quarante douze- petite fille d'une reine de France mais seulement voilà, le diable ne s'annonce jamais quand il sonne à la porte.

Une de ses sœurs, un sale jour, ne revint pas du marché. Le drame affecta la petite famille gravement mais quand un malheur surgit, souvent, il se montre très généreux .
C'était au moment de Pâques, ce genre de fête familiale qui puire l'antiquaille mais qui, finalement, fait du bien. Quelques amis proches les avaient rejoints. La journée s'annonçait agréable et paisible. Et puis...

La porte s'ouvrit brutalement sur des miliciens. Un ordre claqua, le frère tenta de s'échapper, mais une balle dans la tête, ça calme pour l'éternité. La sœur qui restait hurla, on la frappa pour qu'elle se la ferme, les parents s'opposèrent, ils finirent en sang, vaincus, mains liées, embarqués avec les autres. Quelques minutes, le temps d'un battement de cils, tout avait basculé.

Rachel avait 15 ans. Le hasard l'avait envoyé chercher du pain à l'autre bout de la rue. Quand elle revint, c'était fini. Ils s'étaient évaporés, volutes de chair humaine au bon plaisir d'un pouvoir malodorant .
Jamais elle ne les revit.

Chapitre 2- 20 ans

-Dégage.

Menaçante, elle pointa une longue lame effilée. L'autre marmonna mais se tira sans chercher son reste. Il ne fallait pas l'emmerder à cette heure tardive. A n'importe quelle heure d'ailleurs.
La tournée avait été fructueuse, une dizaine de dollars chapardés, un peu de bouffe, et un litre de pétrole. De quoi tenir plusieurs jours.
Se faufilant dans les ruelles, elle remonta la pente jusqu'à une bifurcation. Sur ses gardes, elle marchait sans bruit, de gros bouts de chiffon amortissant les bruits de ses pas. Ne pas respecter le couvre-feu était risqué mais les affaires intéressantes se marchandaient surtout à ce moment-là, alors autant en profiter. Et l'adrénaline se résumait en « Tout sauf se faire prendre » C'était ça le deal.

Montant quatre à quatre les escaliers à ciel ouvert d'un bâtiment délabré, elle tourna à droite puis à gauche, escalada un muret, et se trouva dans un long couloir dont les murs s'écroulaient par endroits. Ce taudis finirait par dégringoler mais pour le moment, elle avait d'autres chats à fouetter et rechercher un autre abri n'était pas une priorité. L'avantage de sa dangerosité se trouvait justement dans ce délabrement : ils n'étaient qu'une dizaine d'humains à se partager ces pierres insalubres.

Elle ôta ses chaussures, balança son sac sur une grosse bobine qui faisait office de table et alla se laver les mains, vérifiant le niveau du bidon ; plein à moitié. Elle soupira, les joues gonflées : « corvée d'eau demain ma vieille ». Prépara son dîner et enfin, s'installa.

Le rituel.

L'assiette posée bien au milieu. La serviette en tissu sur le côté, pliée en quatre. Fourchette posée sur les dents à gauche, couteau à droite, la lame tournée vers l'intérieur. Le verre en place, elle prit une assiette à dessert, un autre couteau plus petit, une autre fourchette.
Se tenir droite. Ne pas poser les coudes sur la table.

Bénédicité.

Elle versa de l'eau dans son verre, prenant soin de ne pas choquer la délicate carafe de cristal, antique trésor d'héritage. Puis, commença son frugal repas, lentement, s'appliquant à chaque bouchée. Mâcher bouche fermée. S'essuyer délicatement les lèvres et reposer la serviette. Couper et déguster le fruit sans y mettre les doigts.
Dans une autre vie, elle se faisait souvent reprendre par ses parents, rebelle à leurs exigences obsolètes. Aujourd'hui, il ne lui restait que ça. Perdurer leur souvenir dans des coutumes ancestrales. S'accrocher à presque rien pour ne pas sombrer. « Je le fais pour toi maman, je le fais pour toi papa. »

Une offrande sacrée à partager avec ceux qu'elle aimait ; au cimetière d'une vie, elle brandissait l'insaisissable que nul ne pouvait lui arracher, ni aucun pouvoir d'aucune sorte.
La sang bleu avait été dressée telle une reine.

Chapitre 3-30 ans

Elle a aimé un jour. Longtemps, trop longtemps. Et puis il disparut. Comme les siens. Redondance de souffrance, ça rime comme un hymne. Le tocsin tintinnabula jusqu'aux confins d'un cœur meurtri, fracassé. Plus jamais. Plus jamais elle n'aimera. Aux nuits infinies de solitude, parfois, quand c'était trop dur, elle avalait ou s'injectait du paradis factice. S'oubliait dans des beuveries collectives, remplissant un palpitant trop vide. Qu'ils ne s'effacent pas, les entendre rire. Deux sœurs, un frère, un père, une mère. « Où êtes-vous ?! Où êtes-vous ?! ». A ces instants de pure vésanie, elle mourait dans un chagrin sans larme.

Et puis, au fil du Temps et des coups durs, des trahisons et des batailles, il ne resta pas grand-chose de l'adolescente au sang bleu. Elle devint mauvaise, vengeresse. Comprit l'importance du mensonge de sauvegarde, s'enfonça dans la dictature libératrice de l'indifférence.

Les autres ? Quels autres ?
Mourir ? Pourquoi pas.
Vivre ? Ça n'existe pas.


Les problèmes de tous ces gens, ça ne la concerne vraiment pas. Chacun sa merde fonctionne très bien. Ah ! Par contre, l'intérêt de ce bordel de l'attaque c'est de récupérer le plus possible de trucs sur les corps ! Les Insoumis sont ceux avec lesquels elle daignerait accorder un petit intérêt. Mais juste un petit intérêt, surtout s'ils lui refilent un ou deux clients au marché noir.
Qu'on lui foute la paix! Les bruits du monde, elle s'en fout. Elle se fout de tout Rachel.

Redondance de souffrance, ça rime comme un hymne

Au sang des morts, la Faucheuse s'avance
Elle ronfle et rafle, honore Hadès au cœur de pierre

« Majesté, il est si tard ce soir ».
Rachel...Rachel...Tu t'es faites choper!
« Demain ?...oh demain...Votre Grâce sera vendue comme esclave ».

Bienvenue en Enfer.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

► Prénom / Pseudo : Salomé

► Age : Trop c'est trop, jpp^^

► Fréquence de connexion : Aléatoire mais fidèle

► Comment as-tu connu Asaria ? A l'origine, avant de m'inscrire, avant ce DC, je voyageais entre deux nuages. Il pleuvait, je faisais du toboggan sur un arc en ciel et...PAF. Une rencontre.

► Pourquoi as-tu choisi Asaria ? D'abord j'ai été séduite par le background, ensuite parce que l'esprit qui s'en dégage est mature et respectueux. Mature, on y met ce qu'on veut mais j'me comprends^^. Le fait que les rps ne soient pas en accès libre également, j'aime bien. J'apprécie l'idée d'un lieu réservé, un nid d'aigle, emprunt de secrets et de mystère. En résumé, j'adore et j'vous love.

► Déclaration sur l'honneur à signer :
"Je soussigné Rachel de Grandmesnil , atteste avoir plus de 18 ans, reconnais avoir lu le règlement dans son intégralité. Par ce fait, je ne pourrai entreprendre aucune poursuite contre le forum quant à son contenu, ni contre l'hébergeur.
J'ai conscience que Asaria, terre de prophétie est un forum à intrigues pour plumes matures qui demande du sérieux, de la motivation, de la participation et du respect envers le staff et sa Communauté.
Rachel de Grandmesnil + date du jour

► Les 4 mots mystérieux du règlement : Edit Mara OK