(Terminé) Confidences [PV Anya]

Confidences
Anya & Raven
HRP : Info chrono : RP se déroulant après ma rencontre avec Adam à l’Underworld

Cela faisait maintenant un peu plus d’une année que je fais partie de cette communauté souterraine. J’ai eu du mal à m’intégrer parce que je me trouvais totalement intitule lorsque j’observais tous ces hommes et ces femmes qui mettaient leurs capacités pour renforcer et faire vivre le clan des Insoumis. On m’a donné une seconde chance pour ne pas finir esclave des Asariens. Mes parents ont été assassinés sous mes yeux et un homme, Joshua, fut mon salut, m’amenant avec lui pour me sauver et me protéger. C’était un Insoumis. Je parle au passé parce qu’il est mort, il y a maintenant 9 mois. Ce fut mon second père et mon mentor. Il m’a guidée dans ce clan et m’a appris à avoir confiance en moi. Je me suis trouvée une véritable fascination pour tout ce qui touchait à l’informatique alors que je n’avais jamais vu un ordinateur de ma vie. Il m’a encouragée à travailler ce don exceptionnel que j’avais et qui pourrait servir les Insoumis, un jour ou l’autre.

Aujourd’hui, je suis celle qui est à l’origine de l’idée de doter nos galeries de caméras de surveillance pour permettre d’aider ceux qui pourraient être pourchassés par les soldats ou par la venue de curieux qui pourraient nous être fatal. Il a fallu énormément de temps et de longs mois pour récupérer le matériel nécessaire à toute cette installation. Avec Logan et Adam, on a décidé que le mieux était d’installer des caméras au niveau des galeries les plus sensibles. Ainsi, un poste de surveillance a vu le jour, équipé d’ordinateurs récupérés par les Insoumis. Le petit matériel fut le plus délicat à voler ou à acheter sur le marché noir. Je voulais des pièces bien précises et Logan m’avait donné le droit d’aller sur le terrain moi qui n’avais jamais quitté les abysses. C’est comme ça que j’ai eu plusieurs surnoms : celui de « petite souris » parce que j’ai la capacité de me faufiler partout sans que personne puisse me voir, de « Miss computer » à cause des ordinateurs, ou « d’emmerdeuse » à cause de mon caractère. Une vraie tête de mule. Je ne suis pas une grande fan des relations sociales. Je suis capable de vous répondre par oui ou non quand je n’ai pas envie de discuter ou alors, tout le contraire, je peux devenir un véritable moulin à paroles dès qu’un sujet m’intéresse ou alors quand j’ai peur. La nervosité me fait parler, et j’ai un débit de mots incroyable à la minute ce qui peut donner la migraine à certaines personnes autour de moi. Un dernier point sur ma petite personne, j’ai tendance à tomber dans les emmerdes. Je les attire comme un aimant. Je suis comme je suis, avec mes qualités et mes défauts. C’est le lot de tout le monde, non ?

La journée s’était écoulée sans m’en rendre compte et déjà 20 heures 37 s’affichait au bas de l’un des écrans de mes ordinateurs chéris. Je n’étais pas toute seule à bosser au poste de surveillance.
Je commençais à former des Insoumis, les humains plus particulièrement et tous les Asariens du groupe qui avaient une notion de technopathie étaient les bienvenus. Ainsi, on se reliait pour garder un œil sur nos Abysses. Ma relève n’allait pas tarder. Je rangeai un peu tout mon bordel bien qu’avec tous les appareils qui résidaient ici, c’était presque mission impossible. Une dernière vérification des caméras, de tout le système, un dernier clique sur ma souris pour enregistrer les paramètres pour cette nouvelle nuit, et je basculai mon fauteuil tout en me retournant. Une silhouette m’apparut soudainement, ouvrant les pans des deux lourds rideaux qu’on avait tendus de part et d’autres pour faire une sorte de paravent. Il n’y avait pas de portes si c’est la question que vous vous posez. Ces rideaux sombres et opaques délimitaient la poste de surveillance, mais il n’y avait rien à cacher puisque tous les Insoumis étaient au courant de ça.

Je pensais que c’était ma relève, mais non. C’était Anya, notre soigneuse qui venait me rendre visite avec deux canettes de bières. Quelle bonne idée ! Je me levai de mon fauteuil à la recherche de deux gobelets propres que je posai sur la table centrale. Une table faite d’une large et longue planche de bois mise sur deux tréteaux.

- Tu lis dans mes pensées ! J’avais envie d’une bonne boisson pour me relaxer ! Ma relève ne va plus tarder.

Je m’étirai, levant mes bras au-dessus de ma tête tout en lui souriant. Anya était un peu comme moi quand j’étais arrivée dans les abysses. J’évitais de me mêler aux autres, surtout les Asariens. Oui, nous étions une communauté qui réunissait les deux races et ce n’était pas évident quand on avait eu comme moi des parents assassinés par les Asariens. Nous avions toutes et tous, ici, des passés lourds, des histoires que l’on préférait taire. Anya en faisait partie, tout comme moi. Je ne savais rien de son histoire, peut-être un jour m’en dirait-elle un peu plus … On avait commencé au fil des mois, à se parler. Elle s’occupait des petits bobos des Insoumis et comme mes sorties sous les dômes ne se faisaient jamais sans égratignures, pour ma part, on s’était rapprochée peu à peu.

- Tu n’as plus de patients à soigner pour aujourd’hui ? Promis, je ne pars pas en vadrouille ce soir. Donc, tu n’auras pas à me soigner demain matin. Comment vas-tu ?

Je savais qu’elle avait toujours du mal à approcher encore un peu nos chers Asariens. Je la comprenais. C’était un travail qu’elle devait faire sur elle-même, mais parfois un peu d’aide, c’était toujours bon à prendre. Et puis entre humaines, quoi de mieux que de se serrer les coudes ?

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Confidences

L'arrivée de la rouquine fut accueillie par un sourire et quelques mots ravis de la part de Raven, et en retour, celle-ci gagna un regard amusé de la jeune femme. Anya s'installa, déposa les bières sur la table tout en en poussant une vers la blonde.

Non ce soir c'est calme ! Incroyable hein ? Je me demande presque si ça n'est pas inquiétant ! Je deviens quoi moi, si tout le monde se met à faire gaffe ?!

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire, tandis qu'elle ouvrit sa bière pour la verser avec précaution dans son verre. Elle plaisantait évidemment, cela la rassurait de voir que personne ne déboulait en courant pour soigner untel, ou de recevoir un appel pour venir bander ou recoudre un autre. Même si elle aimait prendre soins des autres, Anya redoutait toujours le moment où l'affaire serait trop grave et où ses capacités seraient dépassées...

Ca va. Je suis sortie un peu seule ces derniers temps.

Ca ne paraissait pas grand chose, mais pour la rousse c'était un grand pas. Adam l'y poussait, toujours avec tact et gentillesse, mais il ne cessait de l'encourager à le faire. Et s'il l'avait souvent accompagné au début, la jeune femme éprouvait une certaine fierté à y arriver d'elle-même, même si elle prenait toujours mille précautions et ne s'éloignait pas bien loin.

Et toi ?

Anya porta le verre à ses lèvres, en prenant une légère gorgée. Puis ses yeux passèrent sur tout le matériel installé là. Raven avait fait un sacré boulot avec tout ça. Et grâce à elle, les Abysses étaient encore mieux sécurisées.L'air de rien, elle lui demanda :

Les chefs te remercient assez au moins pour ça ? Logan ? Adam ?

Personne n'ignorait qu’elle était proche de son « sauveur », mais l'était-elle assez pour savoir quoique ce soit, était-ce une manière détournée d'en apprendre plus via Raven ou simplement une question innocente ? Quoiqu'il en soit, rien ne transparaissait sur le visage de la rousse, si ce n'était sa bienveillance habituelle...
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Confidences
Anya & Raven

La nuit venait d’arriver, ce qui ne changeait pas grand-chose à l’éclairage de nos galeries et de notre petit village souterrain enfouis sous la grande cité de verre. Nous ne pouvions pas nous repérer grâce à la lumière de l’extérieur, alors fort heureusement que nous avions un système à nous, dévié du propre système électrique de la cité. Notre village des abysses était surtout éclairé par des grosses torches. La véritable alimentation se faisait dans nos abri et ici, au poste de surveillance. Nous avions aussi des installations qui demandaient de l’électricité, mais elles ne fonctionnaient que lorsqu’Adam et ou Logan le demandait.

Mon tour de garde au poste de surveillance prenait fin. Nous n’étions pas nombreux chez les Insoumis à avoir des capacités pour l’informatique ce qui expliquait nos longues heures dans cette pièce faite à même la roche. J’avais cru un instant que ma relève était arrivée, mais non. C’était Anya, une autre humaine et Insoumise, comme moi, qui venait me rendre visite avec deux canettes bien fraîches de bière. J’en avais grand besoin pour me détendre et me donner un coup de fouet. Je ne comptais quand même pas rentrer dans mon abri et me mettre au lit à une heure aussi tôt de la soirée. Je l’accueillis avec joie. C’était rare qu’elle sorte de son petit endroit qu’on avait tous surnommé : l’infirmerie. Elle me faisait penser à moi et à mes premiers temps chez les Insoumis, à chercher ma place et mon utilité. Et surtout à ne plus être aussi méfiante envers les Asariens qui composaient cette communauté hétéroclite.

Je récupérai ma canette et je remplis mon verre, l’invitant à prendre place dans un des vieux fauteuils qui composaient l’espace informatique. Ces fauteuils avaient été récupérés d’une vieille voiture, démontés et installés ici pour qu’on puisse se détendre. Notre confort était spartiate et c’est ce qui nous définissait aussi.

- Hé bien, si tout le monde se met à faire gaffe, tu vas devoir chercher un autre boulot … Tu ne veux pas que je t’apprenne à te servir d’un ordinateur et de tous les logiciels qu’on a ici ? …Mais je ne m’inquiète pas pour toi ! Il y aurait toujours des petits bobos, ça j’en suis certaine ! Même si je sais bien que certains n’aiment pas se faire soigner ni même rester tranquille durant quelques heures pour se reposer ! Tu as l’exemple type devant toi ! Mais ça tu le sais déjà ! En lui faisant un petit clin d’œil complice.

Je levai mon gobelet pour trinquer avec elle, savourant alors la première gorgée de cette bière bien méritée et qui faisait du bien !

- Je ne sais vraiment pas comment tu fais pour parlementer avec tes patients et être aussi patiente ! Moi je n‘y arriverais pas. Les têtes de pioche qui ne veulent pas m’écouter, bah, je les laisserais. Après tout c’est leur choix non ?

Tout en finissant la fin de ma phrase, je venais de m’apercevoir que j’étais ainsi : premièrement, je n’allais jamais de moi-même à l’infirmerie. On m’y emmenait parce que j’étais trop bornée pour me faire soigner. Et deuxièmement, quand Anya finissait mes soins, au lieu de rester calme durant un peu de temps, il fallait à tout prix que je me lève.

- Mouais, je sais ce que tu vas dire, que je suis comme ceux-là. Nan mais t’as pas tort hein ! J’assume. Mais j’assume aussi de ne pas savoir être patiente avec des cas comme moi !

Et je partis dans un fou rire incontrôlable. Je me connaissais parfaitement, enfin presque. On dit toujours qu’on ne se connait pas totalement et que ce sont les autres, toutes ces personnes qui nous approchent qui nous font découvrir de nouvelles facettes de notre comportement. Sauf que je savais déjà quel sorte de personnalité têtue je possédais, et j’imaginais donc cinq personnes avec mon caractère et que je devrai gérer. Nan ! C’était une mission impossible pour moi ! Je me recalai dans le fauteuil, avalant une autre gorgée de ma bière. Anya me raconta qu’elle était sortie seule ces derniers temps, mais elle détourna la conversation sur mon boulot ici et ce qu’en disaient les chefs. Je pris un instant pour observer toute cette pièce faite d’ordinateurs qu’on avait volés à la cité, de tous ces câbles tirés et qui tiraient leu alimentation du monde du dessus sans que personne ne sache rien.

- Logan, c’est lui qui m’a donné la chance de prouver mes capacités. Adam était moins convaincu. Mais s’ils n’étaient pas satisfaits de mon boulot, je ne serai pas là, ce soir. Tu sais bien qu’on est un peu tous des handicapés dès qu’il s’agit de montrer nos sentiments et nos émotions.

Moi, la première. J’avais fait en sorte de me créer une carapace, mais parfois c’était plus complexe face à certaines personnes.

- Bon, c’est bien de parler de ma petite personne, mais, et toi ? Ça fait un petit moment que tu es là, tout comme je sais que tu as eu du mal avec les Asariens de notre groupe. Je pense que quelque part, nous les Humains, on a eu du mal à s’adapter à eux, comme eux à nous d’ailleurs.

Je me penchai vers Anya, mes deux coudes sur mes cuisses, comme si je m’apprêtais à lui révéler le plus grand secret qui ait existé sur Terre.

- Te laisse pas faire ! Étant donné que tu es beaucoup plus diplomate que moi, ça devrait le faire. Ils ne pourront pas longtemps être froids ou imbuvables ! Bon, pour moi c’est autre chose. Je n’ai pas de patience, pas forte en beau discours, ni les manières. Donc, je leur tape très vite sur les nerfs ! Mais je m’en fous ! Je suis comme je suis. Je ne demande à personne de changer pour moi, donc j’en demande autant aux autres envers moi. Et pis, tu imagines, si on était tous tranquilles, calmes …. Ça serait d’un ennui à la fin !

Ouais, j’en disais très souvent des bêtises. Pourquoi ne pas rire ? C’est ce que nous avions de plus précieux ici et bien sûr, survivre. Je pouvais aussi être très sérieuse et à l’écoute des personnes que j’appréciais.

- Comment tu te sens ? Pourquoi cette envie de faire des sorties toute seule ? Tu sais ce qu’on va te dire si les chefs savent ça et surtout Adam ? On ne doit pas sortir toutes seules ! J’ai déjà eu droit à son discours …

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Confidences
Un léger rire sortit de la gorge blanche d'Anya, un rire sincère, si rare, mais que Raven arrivait de plus en plus à lui soutirer, et sans mal. Elle hocha la tête de bas en haut, confirmant ainsi les dires de l'autre jeune femme, et commenta avec un sourire :

Oui, heureusement que tout le monde n'est pas comme toi ! J'aurai peut-être démissionné sinon, va savoir !

Évidemment, la rousse n'en aurait rien fait. Elle n'était pas du genre à abandonner devant la difficulté, et si ce trait de caractère sommeillait en elle depuis l'enfance, il s'était pleinement réveillé durant son année d'esclavage. Elle avait repoussé ses limites au-delà de ce que sa plus fertile imagination aurait pu soupçonner, tenant le coup, ne sombrant jamais malgré les sévices et autres. Et depuis qu'Adam l'avait arraché des griffes de l'Ancien, la jeune femme s'était battue contre elle-même pour continuer à garder la tête haute, pour repousser l'envie de s'isoler totalement, et parfois même la tentation d'arrêter de vivre quand les cauchemars peuplaient ses nuits en trop grand nombre. Elle émergeait progressivement de sa chrysalide, portée par son envie d'aider ceux qui l'avaient sauvée...

Adam est au courant... Il sait que je suis prudente. Plus que prudente même ! Mais si je ne le fais pas, je vais rester ici éternellement, ou bien je ne quitterai les Abysses qu'avec un groupe. Je n'ai pas envie de rester dépendante de quelqu'un... Disons que c'est une sorte de... thérapie, tu vois ?

Elle sourit avec douceur à Raven, puis reprit une petite gorgée de bière. La fraîcheur du liquide se fit aussitôt sentir, et elle le sentit glisser au fond de sa gorge. Ce n'était rien, mais elle n'avait jamais fait attention à ce genre de détails avant. Aujourd'hui, la rousse s'intéressait à ces petites choses, qui la faisait se sentir plus vivante que jamais.

Et ça va, avec les asariens. Ils font moins de différences, ici. Je veux dire... On est tous dans le même bateau, ils ne prennent personne de haut, contrairement aux autres... Alors oui, ça va mieux. Nous sommes tous des Insoumis après tout.

Si elle avait pu imaginer dire ça un jour ! Comme quoi, la vie était toujours faite de surprises, mauvaises et bonnes !

C'est comment le club de Wade ? Il ne veut pas que j'y mette un pied...
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Confidences
Anya & Raven

Si je pouvais être mutique à certains moments, Anya semblait être sur la défensive. J’avais beau tenté de la mettre en confiance, d’essayer de voir ce qui n’allait pas, la jeune Insoumise employait le minimum de mots pour me répondre. C’était dommage, parce que je ne pouvais pas faire la conversation toute seule. La plus grande majorité de mes questions et de mes ouvertures restaient sans informations de sa part et je pris alors la décision d’arrête d’être un moulin à paroles. Cela ne servait à rien avec Anya.

Pourtant, je ne cessai de me dire à moi-même que je devais tenter de la faire sortir de cette gangue que je ressentais malgré le fait qu’elle me racontait ses sentiments vis-à-vis de sa place parmi les Insoumis et de sa situation à côtoyer des Asariens. Et puis, sans connaitre avec détails son passé, j’avais cru comprendre qu’elle avait subi de nombreuses violences avant qu’Adam ne lui porte secours.

- Je sais bien ce que tu veux dire. C’est bon parfois de sortir d’ici et d’aller à l’aventure, mais les chefs n’aiment pas trop nous voir partir seules. Même si ça me tape sur les nerfs, ils ont raison. Ni toi, ni moi, nous ne ferions le poids face à des soldats armés et leurs puvoirs. Nous sommes rusées, mais ça ne fait pas tout quand on se retrouve devant l’ennemi.

J’avais comme un arrière-goût de déjà vue avec cette conversation de ne pas sortir seule et d’être toujours accompagnée. Une dispute que j’avais eue avec Adam, il n’y avait pas si longtemps. Plus je prêtais l’oreille à ses paroles, et plus je me rendais compte combien Anya avait changé au fil du temps, parmi nous. Elle avait gardé sa gentillesse et son écoute aux autres, ce qui manquait cruellement à certains Insoumis, et elle avait appris à mettre ses peurs et ses doutes de côtés pour se façonner une personnalité. Les Abysses nous changeaient toutes et tous. C’était indéniable. Je portai à mes lèvres le gobelet tout en réfléchissant à tout cela.

- Il ne faut pas se marteler la tête en disant que nous sommes dépendantes des autres … Et c’était moi qui disait cela ! Alors que j’avais tenu tête à Adam … Heureusement qu’il n’était pas là à m’écouter parler, j’aurais certainement subi les foudres de son regard.

Anya poursuivit sur sa relation avec les Asariens. Elle mit en avant ce que les autres pensaient d’elle … Mais, elle, comment arrivait-elle à les côtoyer ? Ce fut à cet instant que je compris qu’elle ne m’en dirait pas beaucoup plus, peut-être pas peur ou par méfiance.

- On a tous nos moyens de thérapie. Regarde tout autour de toi, tous ces ordinateurs, ces câbles qui pendent partout, c’est ça ma thérapie à moi. Pouvoir me rendre utile et me concentrer sur quelque chose qui me plait. Mes petites balades nocturnes sont plutôt là pour me booster et me dire que je suis une survivante …

J’inspirai profondément pour essayer de puiser du courage et trouver les mots que je n’avais que rarement prononcés depuis mon arrivée ici.

- Je suis née dans le bidonville. C’est d‘ailleurs pour cela que j’arrive très facilement à me guider dans ces quartiers miséreux. Un jour, il y eut une rafle. Les Miliciens avaient décidé de jouer avec la vie des hommes, des femmes et des enfants humains. J’ai vu mes parents se faire tuer sous mes yeux. J’étais condamnée à suivre ces soldats pour être mise sur le marché aux esclaves. Dans ce chaos, quelqu’un en avait décidé autrement. Joshua, l’Insoumis qui m’a aidée à échapper aux Miliciens après le massacre de mes parents, était un humain. J’ai très longtemps eu à faire à Logan seulement et je ne sais pour quelle raison, je ne l’ai jamais catalogué comme un Asarien, mais comme notre mentor, notre guide. Quant aux autres ... Tu sais, j’ai eu autant de difficultés avec les Humains. Je me suis très longtemps renfermée sur moi-même et encore plus après la mort de Joshua. Encore une fois, une personne que j’aimais, m’abandonnait et … je m’étais dit que la meilleure solution pour moi, c’était de ne plus me lier avec personne. Ça fait moins mal.

J’avais longtemps procédé ainsi après la mort de celui que j’avais considéré comme mon second père. Logan m’avait donné une mission : mettre sur pied le poste de surveillance.

- Les Asariens ont tué mes parents. Je dois admettre que communiquer avec eux a été terrible.

Je secouai la tête pour dissiper tous ces souvenirs et revenir à la question qu’Anya m’avait posée sur le club de Wade. Je repris alors un petit sourire amusé et taquin.

- Oh bah … Si toi, c’est Wade qui ne veut pas que tu y mettes les pieds … Moi, c’est Adam ! L’Underworld, c’est comme un monde complètement à part composé des pires individus de la cité. Hommes comme femmes. L’alcool coule à flots. C’est très dangereux même si Wade surveille les lieux et ne me quitte pas des yeux quand j’y mets les pieds. Il y a une partie du club qui est dédié aux combats clandestins, c’est comme ça que j’ai … découvert Adam sur le ring …

Je haussai les épaules.

- Je me fous de ce qu’il fait avec ces pétasses … Tu es une mauvais comédienne Raven … C’est l’endroit où tu trouves tout ce que tu veux, mais il ne faut faire confiance à personnes. Si tu veux, un soir, on pourra y aller ensemble. Ils ne pourront pas nous dire que l’on sort toutes seules !

C’était tiré par les cheveux, mais rien que pour voir la tête de Wade et celle d’Adam, ça valait bien le déplacement !

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Confidences
Raven se mit en mode pipelette pour lui raconter une partie de sa vie, de son enfance plus particulièrement. Le cœur de la rousse se serra en écoutant son récit, il y avait tant d'humains qui avaient connu la mort de leurs proches, la misère, les traques, qu'Anya se demandait si un seul d'entre eux avait pu être heureux de sa naissance à son décès. Cela lui paraissait impossible à vrai dire, tant son peuple subissait la loi et la supériorité asarienne... Elle reposa son verre sur la table et tendit son bras pour pouvoir poser sa main fine sur celle de Raven, lui souriant doucement, un air compréhensif et empathique imprimé sur ses traits. Elle se rendit compte que ce n'était sûrement pas très juste de laisser ainsi l'autre humaine narrer son histoire sans rien lui dévoiler en retour. Que risquait-elle après tout ? Raven était devenue une amie, elles avaient toutes les deux connu l'horreur, et vivaient maintenant au sein d'un groupe uni. Alors se décidant à rendre la pareille, la rousse reprit la parole :

Ma mère est morte à ma naissance... Personne ne savait qui était mon père... Alors j'ai été élevée par des amis à elle, comme leur propre fille... Ca se passait bien, ils étaient adorables avec moi, ils n'ont jamais fait de différence. Pourtant... Je me suis toujours sentie coupable tu sais... D'avoir... d'avoir provoquée la mort de ma mère déjà... Je sais que ce n'est pas vraiment ma faute, mais si je n'étais pas là... Enfin... J'ai beau me raisonner, je m'en voudrais toute ma vie d'être là et pas elle... Et puis auprès de ma famille aussi. J'avais peur d'être un poids, une obligation dont ils ne pouvaient se défaire... Je sais qu'ils m'aimaient... mais je me demandais s'ils regrettaient, parfois...

La rousse eut un pâle sourire, et ses doigts auparavant posés sur ceux de Raven revinrent saisir son gobelet, y tapotant distraitement.

J'ai tout fait pour ne jamais les décevoir. J'ai travaillé dès que j'ai pu, je les aidais, je faisais tout pour être... irréprochable.

Les choses n'avaient pas vraiment changé, au fond. Au sein aujourd'hui de sa famille insoumise, la jeune femme continuait son travail d'excellence, se rendant utile dès qu'elle le pouvait, toujours souriante et gracieuse, patiente, volontaire, peu importait la situation...

Je me demande s'ils sont encore vivants... Je n'ai jamais osé prendre de leurs nouvelles depuis que je suis ici. J'ai tellement peur que Nicholson se soit vengé sur eux... Il est capable... du pire.

Sa voix était devenue plus ténue quand elle avait évoqué l'Ancien qui l'avait enlevée, et elle sentit tout son corps se tendre en pensant à lui. Elle vacillait encore quand le visage de Gregory s'imprimait dans sa mémoire, et les cauchemars qui peuplaient ses nuits étaient toujours bien trop réels. Elle pouvait sans mal entendre sa voix, sentir son odeur, ressentir sa peau contre la sienne. Il était toujours tapi dans son âme, et la rouquine luttait constamment pour l'enfermer au plus profond de son esprit...

La bière lui apparut comme un bon secours face à ces pensées, et elle en reprit deux fois de suite, jusqu'à se sentir plus légère. Wade, Adam et le club était un sujet bien plus approprié et agréable, sur lequel elle enchaîna à la suite de Raven :

Je ne sais pas... Ce n'est pas juste qu'il ne veut pas que j'y aille... J'ai l'impression qu'il ne veut que je découvre ce qu'il s'y passe, et surtout qu'on m'y voit. Je ne comprends pas pourquoi... Il est parfois... trop mystérieux.

Elle haussa les épaules et ajouta avec un air amusé et complice :

Mais je finirai par savoir ce qu'il me cache ! Et pour Adam... Je crois que tu n'as pas à t'inquiéter des filles là bas. Il... s'en fout sûrement. Il parle jamais d'elles en tout cas. Contrairement à toi. C'en est presque suspect. Et mignon. Mais il déteste quand je lui dis ça !

La jeune femme se mit à rire finalement, tout en observant les réactions qui se peignaient sur le visage de Raven...
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Confidences
Anya & Raven
Ma garde au poste de surveillance était terminée et si ma conversation avec Anya ne m’avait pas plongée dans les souvenirs douloureux de mon passé, avant de devenir une Insoumise, je me serais peut-être aperçue que ma relève était en retard. Mais c’était une idée tellement futile et tellement loin de mon esprit qui était tourné vers les images de mon enfance. Je bus le fond de mon gobelet. Finalement, Anya aurait dû arriver avec un pack complet de cannette de bières. J’avais bien besoin d’une seconde. La main de la jeune femme sur mon bras était réconfortante, m’obligeant à ne pas plonger dans la folie de mes émotions.

Enfoncée dans le vieux fauteuil et bien calé, j’écoutai alors, à mon tour, l’histoire de la jeune femme. Sa mère était morte en la mettant au monde et depuis, même aujourd’hui, à l’âge adulte, elle s’en voulait et se tenait responsable du décès de sa mère. Elle avait été élevée par un couple d’amis qui l’avaient toujours considérée comme leur propre fille. La voix d’Anya était emplie de tristesse et de doutes. Le fait ‘être en vie et pas sa mère la rongeait terriblement.

- Tu te poses beaucoup trop de questions Anya. Personne ne savait l’identité de ton père, … certainement, à part ta mère. Tu devais être pour elle le lien de l’amour qui l’unissait à ton père. Les femmes savent combien il est difficile de mettre au monde des enfants. Tu le sais. Je le sais. Regarde-nous. Pourrait-on porter des enfants alors que nous vivons dans les Abysses, que nous sommes traqués comme des rats ? Ta mère, malgré sa vie, les conditions des humains, a choisi de t’avoir. C’est la plus belle preuve d’amour d’une mère à son enfant.

C’était bien la première fois que je me montrais aussi attentionnée et que je trouvais les bons mots pour apaiser une autre personne.

- Quant à ce couple d’amis qui t’a élevée, eux non plus n’avaient aucune obligation. C’est vrai, ils ont fait une promesse à ta mère, mais encore une fois, notre peuple, les Humains, ne vivent pas, ils survivent. Avoir une bouche de plus à nourrir, c’est difficile. Ils auraient pu te laisser à l‘orphelinat. Ils ne l’ont pas fait. Cela prouve qu’ils tenaient à toi.

Depuis qu’Anya avait rejoint notre Communauté souterraine, elle n’avait jamais osé chercher à savoir si ce couple était encore vivant.

- Je peux t’aider. Le gouvernement tient une liste détaillée de tous les humains, du moins de ceux qu’ils peuvent répertorier. Je peux m’infiltrer dans leur réseau informatique et chercher leurs noms. Cela peut te donner un début de piste si je retrouve leurs traces.

Les humains lambda étaient répertoriés, ça j‘en étais certaine. Il y avait aussi tous ceux qui étaient recherchés par la Milice et puis, il y avait les autres … Ceux qui avaient changé d’identité, ceux que l’on pensait morts, mais qui ne l’étaient pas. Le couple qui avait élevé Anya ne devait pas être des Rebelles ou ce genre de personnes. S’ils étaient encore vivants, ils devaient faire profil bas pour ne pas être la cible de la Milice. Ça pouvait se tenter.
Elle me parla de l’un des ministres qui composait le gouvernement de la cité et je fis une grimace de dégout. Oh non, je n’avais jamais approché de près ou de loin un Ancien, et ce n’était pas mon trip de le faire. Perdue dans toutes mes idées, je levai les yeux vers Anya, soudainement pâle. Elle paraissait lutter contre un fantôme et je fis immédiatement le lien avec le nom de l’Ancien. Et là, je compris ce qu’elle avait subi avant d’être parmi nous. Je tendis mon bras vers elle et je pris sa main de libre dans la mienne pour la serrer doucement.
Que pouvais-je ajouter à tout cela ? Des questions supplémentaires pour raviver les mauvais souvenirs ? Non.

D’elle-même, elle avait changé le sujet de notre tête à tête pour en savoir un peu plus sur le club de Wade. La conversation se fit plus légère et moins douloureuse. Je lui avais expliqué en quoi consiste l’Underworld et bien sûr, je n’avais pas pu m’empêcher de parler d’Adam.

- Découvrir ce qui s’y passe … Il faut avoir le cœur bien accroché, mais on s’y fait. Il y a la pire espèce d’hommes et de femmes dans ce lieu. Ce que Wade a dans la tête … C’est tout autre chose et impossible à savoir … Comme Adam.

Je triturai entre mes mains le gobelet en repensant à cette pétasse toute maquillée et perchée sur ses hauts talons aiguilles, en mini-jupe et corset qui faisait déborder ses seins et qui se pavanait à son bras la dernière fois que j’avais mis les pieds au club. La réaction d’Anya me fit hausser un sourcil dans sa direction.

- Il ne te parle jamais de toutes ces filles là-bas ? Mouais, en tous les cas, il sait parfaitement qu’à l’étage, il y a des chambres !!! C’est sûr qu’il ne va pas te donner des détails sur ce qu’il fait dans un lit avec une pétasse … D’ailleurs pas besoin … !!!

Dès que je songeais à Adam, j’avais une envie folle de lui sauter à la gorge … Je ne comprenais pas mes réactions et ça m’exaspérait moi-même …

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Confidences
Le nez de la rousse se retroussa en une mimique dubitative. Elle comprenait le fil des idées de Raven, son point de vue, et ne pouvait dire qu'elle avait tord. Pourtant, Anya ne pouvait s'empêcher de penser toute autre chose. Même si sa propre opinion s'était modifiée et complètement assombrie depuis son passage entre les mains de l'Ancien. Et elle ne put s'empêcher de partager sa vision des choses à son amie :

Peut-être qu'elle ne l'a jamais dit parce qu'il a abusé d'elle. Peut-être n'y avait-il aucun amour entre eux... Et qu'elle n'a pas eu le choix entre me garder ou non... Mais oui, mes parents... tu as raison, ils m'aimaient. Je le sais. C'est très ambivalent en moi tout ça... Le remord, les questions, et cette certitude qu'ils ne se forçaient pas.

Elle leva la tête vers Raven, un léger sourire accroché aux lèvres. Et quand celle-ci mentionna une aide potentielle, une recherche dans les listes gouvernementales, la jeune humaine sentit son cœur se serrer avant de se mettre à battre un peu plus fort. Un fond d'espoir se dessinait en elle. Rien que les savoir toujours en vie, en sécurité, loin des problèmes, loin de Nicholson lui suffirait à lui donner encore plus de force et de volonté pour sa propre survie. Si c'était le cas, jamais Anya ne chercherait à les revoir. Jamais elle ne ferait quoique ce fut qui put les mettre en danger... Son sourire s'était épanoui un peu plus, empli d'espérance, quand elle reprit à la suite de la blonde :

J'aimerai bien oui. Si tu peux, si ça ne craint rien pour toi. Je sais que je ne dois pas trop y croire mais... Je serai tellement heureuse de les savoir vivants. Valentine et Erik Sullivan... Je porte leur nom.

La rousse n'ignorait pas celui de sa véritable mère, mais elle n'avait jamais songé à le prendre. Elle était une Sullivan, élevée par eux, ils étaient sa famille de cœur, et elle leur devait bien ça...

Puis Raven s'enflamma en parlant d'Adam, son sauveur. Et cette fois-ci, le sourire d'Anya devint plus amusé. Elle termina sa bière tout en écoutant la blonde et en se remémorant les propres paroles et réactions de l'homme. Se rendaient-ils compte d'à quel point ils se ressemblaient dans ces moments là ? L'humaine en doutait, et pourtant c'était de plus en plus flagrant qu'ils s'estimaient un peu plus que comme de simples collègues ou cohabitants. La rousse fit toutefois mine de rien, demandant le plus innocemment du monde :

Peu importe, non, de ce qu'il fait ? Ce n'est pas comme s'il te plaisait après tout. Comment pourrait-on être attirée par Adam de toute façon ? Il est juste beau, bien foutu, sympa, drôle, agréable... Non vraiment, ça serait incompréhensible !

Elle lui jeta un regard par en-dessous, se retenant de rire à nouveau en se mordant la lèvre inférieure, scrutant toujours le visage de la jolie blonde pour y déceler le moindre indice comme quoi elle avait vraiment vu juste...
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Confidences
Anya & Raven

Chaque personne avait son caractère, ce petit « quelque chose » qui le définissait aux yeux des autres et qui le rendait unique. Chaque personne avancée dans la vie grâce à ses propres expériences, ses erreurs et ses rencontres. Tout cela formait l’Etre que nous étions, les avis, les opinions et les choix que nous faisions face à une situation ou un problème donné.
J’avais écouté Anya et ce lourd secret qu’elle gardait au fond d’elle, ce fardeau qui la rongeait, celui d’avoir été responsable de la mort de sa mère dès sa naissance. Toutes ces questions qu’elle se posait, était logique et totalement normal dans le processus de notre « vie ». Anya se battait contre elle-même dans ses réflexions et dans ses sentiments qui la menaient à vaciller et ne jamais trouver l’équilibre et la tranquillité de l’esprit.

- C’est vrai. Tu as raison. A part le dispensaire, il n’y a rien d’autre pour aider notre peuple à se soigner et pour les femmes, à suivre une grossesse sans danger. Mais encore une fois, ce dispensaire est bien-là et si ta mère avait été abusée par un homme, elle serait allée demander de l’aide et des conseils auprès des médecins. Quant au couple qui t’a élevée, je vais reprendre exactement ce que tu viens de dire : ils ne se sont jamais forcés à t’aimer tout en sachant ce que cela impliquait d’avoir une bouche de plus à nourrir. Essaye de ne plus voir le verre à moitié vide, mais bien le verre à moitié plein. Ce n’est pas toujours facile, j’en sais quelque chose ! Mais ça vaut vraiment le coup d’essayer parfois et cela nous permet de relativiser bien des problèmes.

Je lui rendis son sourire qu’elle m’adressa avec toute ma sincérité. Nous étions des femmes perdues au creux des entrailles de la Terre, sous la cité et grâce à cette « famille » qui nous avait recueillies, nous étions parvenues, chacune à notre manière, à survivre et à nous recomposer.
Anya paraissait tellement démunie face à l’incertitude de savoir ce couple qui l’avait élevée, encore en vie que l’idée soudaine de mettre mes capacités de hackeuse pour aider une amie était d’une limpidité immédiate. J’étais capable de me faufiler à travers les pare-feux et d’atteindre les listes de recensement que tenait le gouvernement. Je fis craquer mes doigts devant moi.

- Je suis la meilleure ! Et non, je n’ai pas encore les chevilles qui enflent ! Bon, ça ne devrait plus trop tarder, mais pour le moment, je peux encore me la péter ! Je lui lançai un clin d’œil et je redevins sérieuse. Je peux essayer. J’ai tellement condensé des logiciels de sécurité sur mes ordinateurs à ma sauce, que je peux me balader dans le réseau du gouvernement plusieurs minutes sans me faire prendre, ni qu’on arrive à retracer mon adresse IP ni même ma localisation. Je ne me leurre pas. Ils ont eux aussi des informaticiens bien plus ingénieux que moi, mais ces quelques minutes sont largement suffisantes pour moi pour dénicher ce que je veux.

La conversation nous mena à discuter de l’Underworld, de Wade, de mes passages au club et des réactions d’Adam à chaque fois qu’il me croisait là-bas. Et dès que mon esprit se focaliser sur le leader, je réagissais d’une manière incompréhensible. Je m’emportais à chaque fois et quand je l’imaginais avec une pétasse à son bras, j’avais envie d’étrangler tout le monde. Et comme je le doutais, je m’étais lancée dans une tirade longue à propos de ce que j’avais découvert la dernière fois au club et qu’Adam connaissait parfaitement cet endroit et les chambres qui s’y trouvaient !
Pour tenter d’apaiser le volcan qui tentait de se réveiller en moi, je bus la dernière gorgée de mon verre et les questions d’Anya, auxquelles je ne m’y attendais pas du tout, provoqua mon étouffement. Je venais d’aller ma bière trop vite, toussant plusieurs fois avant de pouvoir lui lancer un regard curieux.

- Ouais … Adam … C’est Adam … Baraqué, beau, des yeux ensorcelants, un sourire à faire fondre … Je dis ça comme ça, et ne va pas te faire des idées ! On est comme chien et chat, on ne se supporte pas … Et c’est mieux comme ça. Mais, je n’aime pas toutes ces femmes qui lui tournent autour !

Super comme tu es logique dans tes réponses Raven …

- Je suis compliquée … Tenir à des personnes, c’est aussi les perdre à un moment donné … J’ai trop perdu de gens pour perdre quelqu’un d’autre …

Je soupirai devant mon comportement. Je ne voulais pas me poser toutes ces questions au sujet d’Adam, de mes émotions face à lui … Je refoulai tout cela pour éviter de faire face à la réalité. Je fuyais … et c’était rare de moi.

- Et si je lançai une petite recherche ?

Je me levai du fauteuil pour m’installer devant l’écran d’un de mes ordinateurs. J’activai le brouillage de sécurité pour protéger mon intrusion dans le réseau du gouvernement. Je savais déjà ce que je cherchai : le dernier recensement de la population humaine.

- Les recensements se font normalement tous les 4 mois. Je vais télécharger le listing dès que mon logiciel aurait eu accès au central informatique du gouvernement. Si je n’obtiens rien, j’irais faire un tour dans le réseau de la Milice.

Telle une petite fourmi, mon logiciel espion traça le dossier que je voulais, le récupéra et le téléchargea dans mon ordinateur. Tout ceci prit une dizaine de minutes. Dès que tout fut terminé, je me retirai du réseau informatique du gouvernement et je balayai mes traces pour les effacer tout en créant une trace fictive qui, si quelqu’un avait décelé mon intrusion, ne mènerait à rien.
J’ouvris le dossier qui contenait le listing et j’entrai une recherche avec les noms qu’Anya m’avait donnés.
3 minutes plus tard, Valentine et Erik Sullivan s’affichaient sur mon écran.
Je me tournai vers la jeune Insoumise qui était restée près de moi durant toute la recherche. Je pouvais voir tout son émotion dans ses yeux.

- Ils ont bien été recensés.

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Confidences
Anya aurait eu bien des choses à dire à Raven. Que tout dans son comportement, dans ses mots, dans les émotions qu'elle laissait transparaître révélaient le trouble qui l'habitait au sujet d'Adam. Mais la rousse se tut, préférant garder cela pour elle, ce n'était pas ses affaires après tout, même si elle trouvait cela regrettable. Peut-être qu'un jour la jolie blonde et le leader insoumis auraient le courage et la volonté de se parler plus ouvertement et sincèrement... Pour l'heure, la jeune femme changea de sujet pour revenir à celui des parents adoptifs de la soigneuse. Anya marqua un temps d'étonnement, elle n'avait pas songé que son amie lancerait les recherches dès maintenant, s'imaginant que cela lui prendrait plus de temps, pour des raisons informatiques obscures à ses yeux d'inculte en la matière.

Oh, et bien, hum, ok.

Son sourire disparut brutalement, laissant place à un masque où l'espoir se mêlait à l'angoisse. Et les minutes qui défilèrent lui parurent des heures, alors qu'elle observait Raven pianoter sur son clavier l'air concentré, dans un silence qu'Anya ne pensa pas à briser, même s'il lui semblait que son rythme cardiaque devait se faire entendre et résonner dans toute la pièce !

« Ils ont bien été recensés. »

Les mots de la blonde furent un électrochoc pour Anya. Ses parents étaient en vie. Ou en tout cas, ils l'étaient encore il y a peu. Elle se pencha un peu vers l'écran, comme pour vérifier que c'était bien leurs noms qui s'affichaient. Valentine et Erik Sullivan. Il n'y avait aucun doute. La jeune femme se redressa et sentit ses yeux s'embuer de larmes trop longtemps refoulées. Ses lèvres se pincèrent pour les retenir, mais ce fut en vain, quelques perles salées s'échappèrent d'entre ses cils et glissèrent le long de ses joues pâles. Une vague de soulagement l'envahit, comme un baume sur son âme torturée. Elle avait encore de nombreuses blessures, profondément ancrées en elle, mais celle-ci pouvait maintenant cicatriser doucement. Ses parents étaient en vie, sa fuite des mains de Nicholson n'avait pas provoqué leur mort si redoutée, il ne s'était pas vengé sur eux. Elle prit une profonde inspiration, comme une noyée revenant à elle, et posa sa main sur l'épaule de Raven, la serra doucement.

Merci. Tu n'imagines pas comme je suis heureuse... et tellement rassurée. Mille fois je me suis imaginée leur mort entre les mains de Nicholson... J'avais si peur qu'ils paient pour ma fuite...

Du revers de ses doigts fins, elle balaya les larmes qui avaient laissé des sillons humides sur son visage et offrit un sourire sincère à l'autre femme. C'était comme un cadeau pour elle, et elle se sentait redevable auprès de Raven pour ce bonheur si rare.

Si je peux faire quelque chose pour toi en échange, tu n'hésites pas, d'accord ? Peu importe quoi, tu me dis, et je ferai de mon mieux !

Elles se comptaient sur les doigts d'une main, ces occasions où Anya avait éprouvé une telle joie depuis ces dernières années. Et la lueur qui illuminait ses yeux trahissait bien cette sensation longtemps oubliée de paix, aussi temporaire serait-elle dès que sa vie abyssale aurait repris le dessus...
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Confidences
Anya & Raven

Le sujet des parents d’Anya, sa véritable mère décédée après sa naissance et ses parents adoptifs était délicat. Je percevais bien toutes les émotions qui émanaient d’elle quand elle m’expliquait ce lourd fardeau qu’elle avait sur le cœur. Je lui avais donc proposé mon aide pour tenter de savoir si Valentine et Erik Sullivan étaient encore vivants et la seule manière de le savoir, c’était d’infiltrer le central informatique de la cité et de récupérer les informations du dernier recensement de la population humaine. Avant de lancer ma recherche, j’avais enclenché mes pare-feux et un VPN de mon cru pour éviter qu’on puisse me tracer grâce à mon adresse IP.
La recherche ne prit pas beaucoup de temps et une réponse positive tomba rapidement. Ils avaient bien été recensés.

- Je peux aussi te trouver leur adresse ou leur lieu de travail, s’ils en ont un.

J’imaginais tout ce que cela pouvait faire à Anya de retrouver la trace de personnes qui avaient compté pour elle et qui l’avaient éduquée et donnée beaucoup d’amour avant que sa vie ne bascule dans une voie différente pour se retrouver chez les Insoumis. J’aurais pu continuer à parler, mais je me doutais que la jeune femme avait le besoin de calme pour assimiler toutes ces émotions récentes et toutes aussi magnifiques. Elle ne put retenir ses larmes et m’offrit un sourire sincère pour me remercier. Je lui répondis de la même façon avec un hochement de tête.
Je pianotai sur mon clavier pour faire d’autres recherches complémentaires sur ses parents.

- Si tu veux des réponses et comment ils sont arrivés à survivre face à Nicholson, le mieux c’est de leur rendre visite ?

Je ne préférais pas lui dire toutes les sombres possibilités qui faisaient de cet homme et de cette femme, des survivants face à un Ancien. Nicholson avait très bien pu les jeter en cellule, les torturer puis les relâcher quand il comprit qu’il n’en tirerait rien ou bien quand il s’aperçut qu’ils étaient bien trop épuisés pour s’amuser encore avec eux. Les Longues-Vies étaient cruels et leur réputation les précédait. Mais affoler et inquiéter un peu plus Anya n’était pas une bonne solution. Elle aurait tôt ou tard toutes les réponses à ses questions et elle découvrirait la vérité de la bouche de ses parents adoptifs.

- Ils habitent dans le quartier B, celui du dispensaire. Je n’ai rien de plus. Ils ont toujours habité là ?

C’était maigre, mais c’était un début de piste. Peut-être que c’était l’adresse que connaissait Anya et qu’elle avait grandi dans cette partie du bidonville. Je me tournai vers Anya qui contemplait l’écran de mon ordinateur, comme si elle avait encore du mal à réaliser que les noms de ses parents adoptifs étaient bien réels. Elle se sentit alors redevable à ma petite recherche.

- Je ne fais pas cela pour que les gens me soient redevables que quoi que ce soit. On est une famille, non ? Les membres d’une même famille s’entre-aident et se soutiennent ? C’est le plus important pour moi, mais je te remercie pour ton aide proposée.

Je me levai de mon fauteuil en levant mes bras pour m’étirer et bailler. Au même instant, ma relève, un Insoumis arriva.

- Je vois que j’arrive au bon moment ! Je suis là pour prendre ton relai Raven !

- Super ! Je commençais à me dire que personne ne viendrait me relever. Tout est OK pour moi, e mon côté. Demain matin, il faudra voir de replacer un des câbles de la caméra 6 qui couvre toute l’entrée du village souterrain. L’image n’est pas très nette et ça grésille par moment. Il doit y avoir un faux contact ou bien un câble usé … Garde un œil dessus !

- D’accord Raven ! Bonne nuit à toutes les deux !

- Merci, à toi aussi, une bonne nuit devant les écrans ! Lançai-je avec un clin d’œil en attrapant le bras d’Anya en direction de la sortie du poste de surveillance. De mon bras libre, j’écartai le grand et lourd rideau qui séparait le poste au reste du campement. Il y avait des torches qui brulaient un peu partout, nos sentinelles qui montaient la garde ici et plus loin, dans les tunnels.

- Si tu veux, quand tu seras prête, je peux toujours t’accompagner pour voir tes parents ?

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Confidences
Les émotions qui submergeaient la jeune insoumise ne se tarissaient pas encore. Si les battements de son cœur s'étaient calmés, elle se sentait toujours aussi heureuse et ravie de savoir ses parents adoptifs vivants. Sans même qu'elle n'eut le temps de répondre, Raven avait déjà trouvé leur adresse. Elle résonna dans sa tête. Quartier B. Celui du dispensaire. Ce n'était pas celle où elle avait vécu avec eux, mais l'endroit était loin de lui être inconnu, et surtout Anya se souvenait que vivait là bas l'une des sœurs de sa mère, seule depuis la mort prématurée de son mari. La rousse secoua alors la tête pour répondre à l'autre insoumise :

Non, mais ma tante y vivait toute seule. Peut-être se sont-ils installés avec elle, elles étaient très proches avec ma mère.

Un léger sourire passa sur ses lèvres, à ces souvenirs d'enfance en famille. La vie n'était pas simple mais c'était ce genre de moments qui la rendait supportable, et agréable... La relève de Raven arriva sur ces entrefaites, et Anya salua l'homme d'un petit signe de tête et d'un nouveau sourire. Elle sortit du poste de surveillance à la suite de son amie, entraînée par celle-ci.

La blonde lui proposa alors de l'accompagner un jour revoir ses parents... Étonnamment, l'idée paraissait presque plus enchanter Raven qu'Anya. Non pas que la rouquine ne voulait pas les revoir, mais plutôt qu'elle craignait de tout ce que cela pourrait engendrer si elle y était surprise, si ses parents étaient surveillés, si elle était dénoncée par des voisins peu scrupuleux ou d'autres choses encore. Ce pourrait être un immense bouleversement pour ses parents adoptifs, comme pour elle. Avait-elle le droit de mettre de nouveau leur vie sens dessus dessous par sa venue ? C'était une question à laquelle elle n'avait pas encore de réponse, et qui lui semblait, pour le moment, bien difficile à trancher.

Je ne sais pas... Pas tout de suite en tout cas. Laisse moi le temps d'assimiler cette nouvelle, et surtout de peser le pour et le contre... Leur sécurité est ce qui m'apporte avec tout... Mais je te remercie, encore une fois, Raven. Et si je m'en sens capable un jour, promis je t'emmène avec moi. Ils seraient ravis de te rencontrer !

Anya abandonna avec délicatesse le bras de la jeune femme, et la serra un instant contre elle.

Bonne nuit. Et si tu as besoin de quelque chose, tu viens me voir hein ! Même si je sais que tu ne le faisais pas pour ça !

Un large et dernier sourire illumina le visage de la jeune insoumise, avant qu'elle ne prit congés de la jolie blonde pour rejoindre sa petite chambre, le cœur léger. Cette nuit là, Anya dormirait un peu mieux, un poids en moins dans la poitrine, et des souvenirs plein la mémoire...
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Sujet: Re: (Terminé) Confidences [PV Anya]

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